Literary Translation among the languages of the Spanish State: the case of Basque
Jesus M. Zabaleta

SYNTHÈSE

La traduction littéraire dans les langues de l'État espagnol : Euskara (langue basque)

(Rapport présenté à la demande de l'Association de Traducteurs et Interprètes Professionnels d'Espagne)

Ce sujet doit être situé dans un contexte plus ample qui rend compte d'une vision historique de la traduction en euskara, suivant l'évolution de la littérature en cette langue et avec une certaine perspective sociologique, indispensable pour comprendre la situation spécifique de la langue, la littérature et la traduction basques.

Les historiens divisent habituellement l'histoire de la littérature basque en deux grandes périodes qui coïncident avec celles de la traduction. Nous allons maintenant ajouter deux autres périodes, à l'intérieur de l'histoire contemporaine, périodes, par ailleurs, parallèles aux profonds changements survenus le long de ces dernières décennies.

a) La littérature basque débute en 1545 avec la publication de l'ouvre de Bernart Etxepare Linguae Vasconum Primitiae. La première traduction apparaît quelques années plus tard, il s'agit de la Bible traduite par Joanes Leizarraga.

Au cours de cette période, qui dure près de trois siècles, puisqu'elle s'étend jusqu'à presque la fin du XIXe siècle, les couches les plus basses de la société ne parlaient que le basque, tandis que les classes élevées, presque sans exception, optèrent pour l'espagnol. L'Église joua un rôle particulièrement important : le clergé étant bilingue et soucieux des besoins de l'apostolat il remplit en fait la fonction des intellectuels, parmi le peuple.

Cela explique que 89% des livres de cette époque ont trait à la religion. La traduction littéraire se limite à quelques livres, tous publiés au XIXe siècle. D'autre part, les meilleures traductions sont précisément celles qui abordent des sujets religieux et elles ont été faites à partir du français, langue plus importante que l'espagnol à cette époque de la naissance de la littérature basque. Il faut aussi signaler que d'un total de 194 ouvres publiées, 93 sont des traductions, ce qui montre l'importance de la traduction dans la littérature basque dès ses débuts.

b) La deuxième période commence avec la perte des « Fueros » (droits politiques) en 1876, ou bien en 1879 avec la création des « Jeux Floraux ». D'autres événements importants ont lieu aussi à cette époque : la création du Parti Nationaliste Basque, plus tard celle du Parti Socialiste ; la population n'est plus monolingue et l'on commence à mettre en question le modèle linguistique, avec l'irruption du purisme, plus ou moins agressif ou dissimulé, qui aura des conséquences importantes dans le futur de la littérature et surtout dans la traduction jusqu'au point d'élaborer des textes incompréhensibles ; aujourd'hui encore on peut constater l'influence du purisme dans certains secteurs.

Les traductions commencent à être plus nombreuses, plus variées et elles se font à partir de l'espagnol. La guerre civile arrête ce mouvement culturel qui était en pleine expansion ; il ne sera repris que dans les années 40, principalement autour du grand écrivain et traducteur Orixe, ainsi que de la revue Euzko Gogoa.

c) Dans les années 60 le peuple basque se radicalise tant au niveau culturel que politique : les ikastola (Écoles Basques) sont créées, les premiers pas vers l'unification et la normalisation de la langue sont donnés et la production littéraire en euskara augmente considérablement. On commence à traduire du catalan et du galicien (S. Espriu, Pedrolo, Ricard Salvat, Marcos de Portela, A. Rdez. Castelao). La traduction est considérée de plus en plus comme un instrument de normalisation de la langue.

d) À partir du milieu des années 70 et, en grande partie grâce à l'avènement du Gouvernement Autonome, des conditions on ne peut plus favorables pour la traduction, et jusqu'alors inexistantes, ont surgi. Depuis, de grands efforts sont faits Pays Basque pour introduire l'euskara dans tous les niveaux de la population et de la vie sociale.

On a beaucoup traduit du catalan, que ce soit du matériel didactique ou de la littérature enfantine pour les ikastola qui ont toujours été très liées à la Catalogne (bien que souvent on se soit servi du castillan comme langue-pont) ; en revanche, la traduction d'ouvres catalanes pour adultes est moins importante. Quant aux traductions à partir du castillan, la proportion d'ouvrages destinés aux enfants et celle destinée aux adultes est plus équilibrée. Enfin, pour ce qui est de la traduction à partir du galicien, force est de constater qu'elle est très restreinte ; à partir de 1948 on a traduit plusieurs ouvres de Castelao.

Traduction: Edurne Alegria