Senez 5 (1986)
- Date de publication: avril 1986
- ISSN: 84-7086-161-1
- D.L.: S.S. 116-86
- 176 pp.
Tous les articles de ce numéro ont été publiés en Basque.
Présentation
En 1981, Xabier Mendiguren, dans un dossier paru dans le numéro année XXVI (2º période) de la revue Euskera (p. 988) prévoyait une Association des Traducteurs Basques :
Une sorte d'association ou d'organisation des traducteurs basques pourrait être nécessaire ou intéressante.
- Pour garantir une profession de traducteur.
- Pour égaliser les tarifs.
- Pour canaliser une demande de plus en plus importante.
- Pour que les traducteurs professionnels soient de plus en plus nombreux, et qu'ils se spécialisent dans différentes branches.
- Pour que l'information soit centralisée, afin de diffuser rapidement l'information et les initiatives en tous genres.
- Pour organiser des stages de formation et de « recyclage ».
- Pour que l'École de Traduction (générale ou spécialisée) ait un environnement expérimenté, pour recruter des enseignants et autres.
- Pour qu'un journal ou une revue soit publiée périodiquement.
- Pour débattre sur la nécessité d'un document ou d'une carte de traducteur. » Cette déclaration pourrait être le plan complet d'une Association de Traducteurs.
Parmi ces propositions, formulées il y a cinq ans, certaines ont été suivies (stages, cette revue elle-même), sans doute parce que l'École de Traduction s'en est chargé et les a conduites.
D'autres, par contre, et pas des moindres, n'ont pas eu de suite ; et il sera difficile d'y remédier, surtout si les traducteurs n'ont d'autre organisation que celle qui existe aujourd'hui.
À vrai dire, l'École de Traducteurs a parfois été un point de référence pour de nombreux traducteurs. Mais l'École n'a pas, et ne peut avoir, autant de poids qu'une association.
Peut-être le temps est-il venu pour les traducteurs du Pays Basque de créer une association, et de commencer à penser sérieusement à la nature concrète de cette association. Les conditions spécifiques à la création d'une Association de Traducteurs du Pays Basque (il faudrait voir quelle en serait l'organisation) ne manquent pas. Il est évident que les traducteurs basques ont de nombreux problèmes spécifiques, sur divers aspects :
Du point de vue linguistique et sociolinguistique :
- La situation de normalisation de notre langue elle-même.
- La situation des branches spécialisées d'utilisation du langage qui nécessitent la traduction (Administration, science, etc.).
- La faible quantité des récepteurs dans la communication bascophone.
- La formation linguistique anarchique et non normalisée de la plupart des traducteurs.
Du point de vue professionnel et organisationnel :
- Le caractère non réglementé de la profession.
- La dispersion des professionnels.
- Le peu de reconnaissance sociale de la profession.
Du point de vue administratif :
- Les problèmes de titularisation.
- Le moyen d'entrer dans cette profession.
En conséquence, le traducteur n'approuve pas la politique de traduction développée au Pays Basque (même s'il n'y a pas de politique planifiée, il existe de facto une certaine forme de politique, dès lors que l'on prend des décisions concernant la traduction).
Or, le traducteur basque n'a pas la possibilité de prendre les décisions concernant la traduction, si ce n'est un traducteur solitaire et autarcique totalement retranché de notre société.
Ainsi, souvent, plus souvent qu'on peut le croire, on impose au traducteur ce qu'il doit traduire, comment il doit le traduire (« dans un basque facilement compréhensible », « de façon à ce que la population de telle ville comprenne », ou même, parfois, « en mettant les verbes systématiquement en fin de phrase »), et pour quel prix (ceux que l'on soupçonne le moins jouent d'avarice avec les traducteurs ; on sait, par exemple, que plusieurs maisons d'édition se sont plaintes auprès du Gouvernement Basque et ont entamé une pétition, estimant que les tarifs sont trop élevés).
Par ailleurs, les décisions souffrent d'une grande dispersion et d'un manque de coordination évident. C'est avec un certain étonnement que nous avons accueilli les nouvelles récentes : la Mairie de Vitoria-Gasteiz a cédé à l'université un terrain pour la construction de facultés, à condition qu'une école de traduction y prenne place. D'autres informations du même genre nous ont également étonnés.
Le nom du traducteur est tu (qui connaît les traducteurs des films de la chaîne de télévision ETB ? où peut-on chercher le nom du traducteur de tel ou tel oeuvre ?). Parallèlement, il semble que plusieurs traducteurs entrent dans la profession par la petite porte, s'endettant ainsi à vie auprès du concierge (l'anonymat est parfois la meilleure défense).
L'exigence de la qualité est également un problème de la plus grande urgence dans le monde de la traduction. Or, le traducteur, pour répondre à cette exigence, doit organiser, et peut organiser, des moyens d'atteindre la qualité requise.
En un mot, le traducteur lui-même devra s'impliquer dans l'orientation que nous donnerons à l'activité de traduction.
Nous publions dans ce numéro les résultats d'un sondage réalisé récemment auprès de traducteurs basques, en guise de fondement et d'appui pour ces réflexions. De plus, vous trouverez des informations concernant des associations créées, autour de nous, par des groupes de traducteurs se trouvant dans une situation similaire à la nôtre (galiciens, catalans, espagnols), car nous considérons que ces associations pourront nous servir d'exemple.
En plus de ces sujets, vous trouverez, comme de coutume, d'autres thèmes, un peu plus éloignés de ce qui pourrait être une monographie, mais auxquels nous portons un intérêt particulier.