Felix qui potuit rerum cognoscere causas
Anjel Lertxundi

Synthèse

Anjel Lertxundi, auteur connu et reconnu des lettres basques, nous propose dans cet article quelques réflexions très suggestives, spécialement adressées aux écrivains, aux traducteurs et aux simples lecteurs.

Après une description de la traduction en général, il passe très vite à retracer son expérience et sa relation personnelles avec la littérature et la traduction, se situant au sein d'une génération et d'une communauté linguistique spécifiques : bascophone de naissance, il vit dans une communauté bilingue, basque-espagnol, la première langue étant en situation de diglossie, et il appartient à une génération dont la langue de formation scolaire et universitaire est l'espagnol. Il a donc eu connaissance de la littérature universelle grâce aux traductions faites en cette langue.

Au fil de son exposé, il énumère les caractéristiques et les fonctions de toute bonne traduction dont la principale est de rendre le texte original compréhensible au lecteur actuel, le texte traduit étant parfois plus accessible à ce dernier que la version originale. Le traducteur est pour lui à la fois un guide dans le temps et dans l'espace, il fait œuvre de restaurateur, il est aussi le beffroi qui nous permet de regarder et d'apprécier la littérature universelle, et enfin, le pont entre notre langue et les autres, le passé et le futur, chacun de nous et la culture.

Se penchant sur l'euskara (langue basque) en particulier, il est forcé de constater les déficiences qui découlent de la situation de précarité dans laquelle elle a été maintenue jusqu'à récemment. Contrairement aux langues voisines, elle manque d'une tradition littéraire solide.

De ce fait, la traduction étant un instrument à la fois nécessaire et efficace pour aider la langue à sortir de cette situation de précarité, une politique de la traduction s'avère indispensable, politique qui, selon l'auteur, se résume en trois points:

  • Donner la priorité à la traduction de certains travaux par rapport à d'autres, faute de moyens et de temps pour tout traduire ou pour faire plusieurs versions des mêmes textes.
  • Soigner la qualité de la traduction : l'auteur pense que c'est dans ce domaine que l'on a fait le plus d'efforts.
  • Encourager la lecture des œuvres traduites en les rendant attrayantes.

Il faut donc non seulement se pencher sur la traduction elle-même, le choix des textes et la qualité, mais aussi essayer d'inciter le plus grand nombre de gens à la lecture de ces traductions.

Pour Lertxundi la traduction est un moyen très propice, d'une part pour mettre à notre portée la littérature d'ailleurs, nous offrant un choix de lecture beaucoup plus ample et nous faisant découvrir d'autres cultures et civilisations ; et d'autre part, pour enrichir et consolider notre propre littérature et la langue elle-même.