Le Coran et la transmission des textes sacrés d' Orient
Résumé
Le Coran, livre sacré de l'Islam, est une oeuvre fondamentale non seulement pour la religion islamique mais aussi pour toute la littérature arabe, étant donné son classicisme et l'homogénéité de son style. Selon la tradition , il fut révélé au prophète Mahomet en arabe, c'est pourquoi la langue en elle-même a acquis une grande importance, donnant lieu à une série d'études exégétiques et linguistiques qui codifièrent et fixèrent très tôt la langue arabe. Tout cela produisit une sorte de dogmatisme et de puritanisme linguistique, surtout présent à la fameuse école de Bagdad, mais contribua aussi à la conservation de la langue.
Le Coran a été peu traduit jusqu'à ces derniers temps. Les musulmans, à l'époque de la splendeur de leur empire, enseignaient la langue arabe à ceux qui voulaient connaître l'Islam. Au cours des quatorze derniers siècles, le Coran n'a donc été traduit qu'en soixante-cinq langues. La Bible, elle, a été traduite en 1808 langues, d'après le rapport de Bible Societies.
Face à une telle situation, dans le but de diffuser l'Islam dans le monde entier, la Communauté Internationale Ahmadia sous le code IXX9 a traduit le Coran en cinquante langues, et prévoit pour l'année prochaine- premier centenaire de la création de la Communauté- de préparer une anthologie de versets du Coran en cinquante autres langues.
La littérature sanscrite sacrée, et celle du bouddhisme principalement, présente quelques similitudes avec le Coran. Ainsi la langue, comme ce fut le cas en d'autres occasions, en tant que vecteur de la religion, a acquis un caractère sacré, avec tout ce que cela suppose: exégèse, purisme, codification et conservation de la langue etc... De fait le sanscrit a joué pour le bouddhisme au départ, le rôle de langue religieuse, sacerdotale, même s' il a eu par la suite des usages profanes. Encore aujourd'hui il est utilisé à haute voix par des indiens de langue différente comme langue de culture. En ce qui concerne la traduction en revanche c'est bien différent puisque les textes bouddhiques ont été traduits tôt et en plusieurs langues. Au Ier siècle après J.C. commence la pénétration du bouddhisme en Chine et la traduction de textes bouddhiques en chinois; cependant, en raison entre autres des différences linguistiques énormes entre les deux langues, plus que de traductions il s'agissait de paraphrase, qu'un chinois non initié au bouddhisme avait souvent du mal à comprendre.
Au Tibet cependant, on trouve un cas exemplaire de travail en équipe. Des moines tibétains et hindous ont élaboré ensemble dans un travail commun, un glossaire tibétain sanscrit de plus de 9800 mots. Les traductions tibétaines sont d'une telle perfection, que malgré la disparition des originaux sanscrits au cours de multiples pillages, grâce à elles on a pu les reconstruire, nous permettant ainsi de connaître le bouddhisme hindou du Moyen- Age.
S'agissant de la transmission des littératures orientales, arabe principalement, il convient de parler de ce qu'on a appelé" Ecole de traducteurs de Tolède", créée au douzième siècle par l'archevêque Raymond. Chrétiens, arabes et juifs ont accompli un travail de grande envergure en traduisant des ouvrages arabes et grecs en latin, formant ainsi un pont entre culture occidentale et orientale.