La traduction du point de vue de la lexicographie : problèmes et solutions
Mikel Morris

Résumé

L'intention de l'auteur est d'offrir une vision approfondie de la manière dont la lexicographie et la traduction basques ont évolué au fil des ans. Cet article est composé de deux parties : 1. Problèmes pratiques. 2. Lexicographie basque vs. lexicographie thaïlandaise/chinoise.

Dans la première partie, l'auteur fait référence au fait que la traduction entre la langue basque et la langue anglaise est une activité relativement récente. La traduction entre ces deux langues commença humblement par une série de traductions réalisées par Edward Spencer Dogson, mais on peut considérer que son essor n'eut lieu que dans les années 1980. On peut cependant raisonnablement prédire qu'à l'avenir la majorité des traductions en langue basque seront réalisées non pas depuis l'espagnol mais depuis l'anglais, compte tenu de l'importance colossale de l'anglais dans la communication mondiale, dans la recherche, dans la bibliographie, sur internet et même dans l'Union Européenne.

A travers le monde, la lexicographie bilingue est une activité hautement spécialisée, bien que son coût et l'amplitude du sujet en fassent une activité relativement peu étendue. C'est pourquoi, dans le monde actuel, quelles que soient les langues, les dictionnaires réellement bons et fiables sont rares. Les pays présentant la meilleure tradition lexicographique bilingue sont l'Angleterre, l'Allemagne, la France, la Russie et le Japon. D'autres grands dictionnaires peuvent exister dans d'autres pays du monde, mais, d'après l'auteur, les pays mentionnés ont une tradition supérieure à celle des autres.

Quant à la tradition de la lexicographie basque bilingue, il n'y a rien de particulier à mentionner. Il existe très peu de gens -ou de maisons d'éditions- qui travaillent de manière permanente à la composition, à la recherche et à la publication de dictionnaires basques bilingues sur la continuité : Elhuyar, Bostak Bat et Morris Academy Press. Notons que la petitesse et la faiblesse du marché constituent un obstacle au développement de la lexicographie basque, de même que l'absence d'une véritable coopération. Par ailleurs, les Basques eux-mêmes font preuve de peu d'ambition dans le domaine de la composition de travaux lexicographiques véritablement amples et abordables. Ainsi, l'existence de traducteurs en langue basque disposant d'une qualification officielle est assez récente ; de même, il n'existe que peu d'intérêt pour la composition de dictionnaires basques bilingues dans les langues des immigrants établis au Pays Basque. D'après l'auteur, les Basques devraient prolonger leur regard au-delà de l'Espagne et même au-delà de l'Europe, pour s'intéresser aux productions asiatiques. L'échelle des dictionnaires asiatiques est en effet largement supérieure à celle de tout dictionnaire élaboré en Europe.

Ensuite, l'auteur aborde la question des registres de langue. Il semble que le registre le plus difficile en langue basque soit celui du langage oral très familier ou même vulgaire. Il propose de nombreux exemples de l'usage du mot espagnol « joder », avec plusieurs solutions, malgré le mythe selon lequel la langue basque ne disposerait pas de gros mots.

Dans la seconde partie, l'auteur analyse les raisons qui l'ont poussé à s'aventurer dans la lexico¬graphie asiatique, tout d'abord en langue thaïe, puis en chinois mandarin. Malgré les nombreuses difficultés liées au traitement d'une langue aux caractéristiques historiques, religieuses et culturelles totalement différentes, sans oublier les différences concernant la faune et la flore, l'auteur formule l'idée selon laquelle il est bien plus aisé d'élaborer un dictionnaire thaï/anglais ou chinois/anglais qu'un dictionnaire basque/anglais, malgré les différents systèmes d'écriture et les problèmes de translittération (du moins en thaï). Enfin, pour prouver la méconnaissance et l'isolement de la culture basque en Asie, il précise que même le terme « Euskal Herria » est mal traduit par « Région Basque » et non par « Pays Basque » dans certaines des langues principales d'Asie. L'auteur présente enfin quelques pages du dictionnaire basque/chinois dont il est l'auteur.