William Shakespeare's plays in Basque
SYNTHÈSE
L'uvre théâtrale de William Shakespeare en langue basque
Le traducteur Xabier Mendiguren Bereziartu nous rend compte dans cet article de la traduction en la langue d'Axular de l'uvre théâtrale de Shakespeare. Il nous parle des traductions elles-mêmes, de leurs caractéristiques et spécificités, ainsi que des traducteurs et du contexte historique et littéraire dans lequel ils ont produit leurs travaux.
Il commence par nous rappeler que cet auteur anglais n'a été traduit en espagnol et en français que très longtemps après sa mort, langues toutes deux, de longue tradition littéraire. C'est précisément cette tradition qui manque à l'euskara (langue basque) dont la production littéraire et poétique moderne ne débute qu'à la fin du XIXe siècle.
Il faut donc attendre la deuxième décennie du XXe siècle pour voir paraître la première traduction d'une uvre de Shakespeare en basque, de la main de Toribio Altzaga (1861-1941), un des créateurs du théâtre moderne basque, qui traduit Macbeth. Il le fait dans le dialecte guipuzcoan bien qu'il emploie des mots d'autres dialectes ainsi que quelques néologismes et suit les règles orthographiques de Arana Goiri. Cette version, à la différence de celles qui lui suivront, est très appropriée pour la mise en scène et touche facilement le spectateur.
Mais c'est au Père Bedita Larrakoetxea (1894-1990) que revient le titre de traducteur de Shakespeare en basque. En effet, il est le premier et le seul à avoir traduit de façon systématique les uvres complètes du dramaturge anglais et ce, mû par son désir de sortir les lettres basques de la situation de déclin dans laquelle elles se trouvaient en cette période franquiste de l'après-guerre. Les premières traductions, à savoir, The Tempest et Macbeth apparaissent dans les années cinquante et sont publiées dans la revue Euzko-Gogoa. C'est dans les années 70 que sont publiées les traductions de toutes les uvres théâtrales dans la collection éditée sous le nom de Kardaberaz Bilduma. Il utilise le basque de Biscaye et suit de près le texte original au niveau sémantique, mais du point de vue stylistique et pragmatique, il ne réussit pas à communiquer avec le spectateur. C'est pourquoi, lorsque quelques années plus tard la Télévision basque, ETB, décide d'adapter une production de la BBC sur les uvres de Shakespeare, la version basque de Larrakoetxea s'avère peu appropriée.
Après la mort de Franco, dans les années 80, on assiste dans la Communauté Autonome Basque, à la naissance et l'expansion des médias en euskara : radio, télévision, presse écrite. C'est la première fois que des films sont traduits et la Télévision basque émet une demi-douzaine de pièces théâtrales de Skakespeare des 23 qui avaient été traduites, adaptées et doublées en basque, l'auteur de cet article étant un des principaux traducteurs. Cette nouvelle version se caractérise par son haut degré de communicabilité car, tout en restant fidèle à la langue source, elle s'adapte d'avantage au caractère de la langue cible, parvenant ainsi à un large public.
L'auteur finit son article en soulignant les deux points forts où se rencontrent le monde culturel basque et William Shakespeare, à savoir le travail de traduction de Bedita Larrekoetxea et l'émission en basque par ETB de la version de la BBC. S'il regrette que le génie anglais soit rentré tard et timidement dans la culture basque, il se félicite néanmoins que dix ans plus tard on entende parler du cygne de Stratford dans les lettres basques, à l'occasion de la traduction de son recueil de Sonnets par Juan Garzia.