Réflexions autour de la traduction du 'Tartuffe' de Molière
Juan Martin Elexpuru

Résumé

Traduire en prose ou en vers, tel fut le premier dilemme auquel je fus confronté au moment où je pris la décision de traduire le « Tartuffe » de Molière en langue basque. Bien que conscient de la difficulté et du risque que cela supposait, je me résolus à le faire en vers, car le résultat est toujours meilleur, si du moins on réussit à le faire convenablement. Le théâtre classique est pour la plupart écrit en vers, et il est intéressant d'essayer de transmettre au lecteur ou à l'acteur le plaisir esthétique que procurent le vers et la rime. La deuxième décision à prendre concernait la mesure du vers, et j'optai pour allonger l'alexandrin français à quinze syllabes, le français étant une langue plus « condensée ». Quant à la rime, je voulus qu'elle fût la plus riche possible, quand bien même je dus me contenter souvent d'une plus pauvre. L'enjambement, le déplacement de l'information et des procédés de ce genre sont communément utilisés pour agencer harmonieusement la rime, la métrique et le sens. Je me rendis compte également de l'utilité d'un dictionnaire des rimes adapté aux traducteurs en langue basque, ouvrage qui nous fait encore défaut. Je dois aussi signaler les hésitations que j'eus au moment de choisir entre le vouvoiement, le tutoiement et la troisième personne, comment faire parler les personnages ? Bien plus de questions que des solutions. En fait, les solutions se trouvent dans la traduction et il revient au lecteur averti de juger de leur pertinence.