La traduction et la censure franquiste comme réécritures idéologique et culturelle
María Pérez L. de Heredia

Traduction: Kattalin Totorika

Résumé

Dans l'atmosphère culturelle verrouillée de la dictature franquiste, avec une censure de fer sur tout ce qui était artistique, les traducteurs et traductrices de textes théâtraux trouvèrent progressivement la manière de briser les normes imposées par le régime. Ainsi, la traduction des oeuvres nord-américaines servit non seulement à répondre aux nécessités du marché théâtral et aux besoins commerciaux, mais surtout à introduire des éléments novateurs, grâce auxquels il était possible d'adoucir, en partie, le discours univoque du régime totalitaire. Grâce à la traduction, le discours culturel et idéologique des auteurs américains pénétra dans la société espagnole, convenablement réécrit, et modifia le panorama culturel, idéologique et politique, jusqu'à se transformer, d'une certaine manière, en référent pour ces domaines. Ainsi, les principes culturels et idéologiques des oeuvres originales étaient manipulés de façon à devenir acceptables pour le système récepteur, et par conséquent la traduction devint, au bout du compte, un agent actif d'américanisation du discours dramatique et culturel.