Présentation
Gotzon Egia

L'exercice de la traduction dans notre pays remonte pratiquement au début de notre tradition littéraire, à savoir, à la fin du XVIe siècle. Nous pouvons dire que depuis lors, notre travail de traduction a été, avec plus ou moins d'intensité, relativement fécond. A titre d'exemple, il suffit de rappeler que, jusqu'au début du XXe siècle, presque la moitié des œuvres publiées en langue basque ont été des traductions.

Depuis sa création en 1984, la revue Senez a essayé d'être un échantillon de la traductologie basque, un instrument de consolidation des fondements théoriques des traductrices et traducteurs basques et un instrument d'incitation à la pratique de la traduction. Dans ses plus de vingt numéros publiés jusqu'à ce jour, notre revue rend compte d'une chronique véridique de la traductologie basque moderne, quant à son développement professionnel, l'étendue de son champ thématique et la modernisation et la mise à jour de ses instruments linguistiques. Toutefois, nous sommes conscients que nos réflexions et analyses n'ont eu qu'une diffusion limitée hors de l'aire linguistique basque, vu que la plupart des articles ont été publiés en euskara. Nous devons reconnaître que, d'une façon générale, nous nous sommes employés bien plus à l'assimilation des apports étrangers qu'à la diffusion extérieure de nos réflexions et de nos analyses.

Ce numéro spécial de Senez prétend marquer une halte sur le chemin pour exposer à la communauté internationale l'état actuel de la traductologie basque. Ce numéro, attendu depuis longtemps, a pu voir le jour à l'occasion de la réunion annuelle du CEATL Conseil Européen des Associations de Traducteurs Littéraires, qui aura lieu à Saint Sébastien du 2 au 5 octobre 2002.

Il s'agit d'un recueil choisi d'articles publiés auparavant en langue basque et qui visent à montrer l'état actuel de la traductologie basque. D'une façon générale, nous avons utilisé pour la traduction l'article original, légèrement modifié pour les besoins de la compréhension de la part des lecteurs ignorant notre langue. Dans un cas seulement (" Felix qui potuit rerum cognoscere causas ", de A. Lertxundi) et à la demande de l'auteur, nous nous sommes appuyés sur une version revue et corrigée, parue dans une autre publication.

S'agissant d'un recueil, le contenu des pages qui suivent est assez varié, néanmoins, nous avons voulu garder une certaine unité en suivant un fil conducteur : suite à l'excellente introduction panoramique de X. Mendiguren, les articles de J. Zabaleta, G. Egia et A. Lertxundi sont centrés sur la traduction littéraire, par ailleurs si féconde durant ces dernières années. La deuxième partie de ce travail traite de l'idée de l'autre et d'autrui développé dans les articles de J. Garzia et de K. Biguri. Une troisième partie est consacrée à la traduction d'*uvres appartenant à la culture universelle, y compris la traduction de la Bible, avec des articles de X. Mendiguren, J. Zabaleta et M. Lopez Gaseni. Dans la quatrième partie, deux articles, l'un de L. Auzmendi et l'autre de J. Barambones nous donnent un aperçu de la traduction administrative et juridique. Enfin, deux textes exhaustifs de J. Zabaleta sur les contraintes et la portée de l'exercice de la traduction clôturent ce travail.

Il s'agit en somme de treize articles qui cherchent à donner une vision panoramique des fondements historiques et des perspectives futures de la traduction basque au seuil du XXIe siècle.

Tout comme nous avons essayé de toucher tous les domaines de la traductologie basque, nous avons aussi voulu garder un équilibre entre les articles traduits au français et à l'anglais, ce à quoi contribueront, sans doute, les résumés qui accompagnent chaque article. Pour finir, nous voulons remercier de leur travail les traductrices et traducteurs qui ont collaboré à l'élaboration de ce numéro spécial, Edurne Alegria et Ekaitz Bergaretxe pour le français, ainsi que Mikel Morris pour l'anglais