Présentation
Le but des conférences prononcées lors des cours d'été et que nous avons transcrites dans ces pages est de nous situer dans le point de rencontre de la traduction et de la création. Malheureusement leurs chemins ont trop souvent été divergents, chacune de son côté fuyant une relation que l'instrument de travail commun, à savoir la langue, rendait quasiment obligatoire, comme si elles n'avaient rien à voir entre elles. Grâce à ces cours nous savons, du moins, que les traducteurs littéraires sont un peu plus près du travail de création que du simple « mimétisme ».
Mais quel est ce genre de rapport? C'est pour répondre à cette question que traducteurs littéraires et créateurs se sont réunis, animés du désir d'approfondir ces réflexions et ces inquiétudes. Une conclusion est claire : traducteur et créateur sont tous deux des écrivains. Si de la part du créateur s'imposent les appels à la liberté, le traducteur lui met en évidence une connaissance plus humble du métier. Sans aucun doute, notre pari en faveur du métier constitue pour nous, traducteurs, un avantage fondamental face au créateur vantard et sans métier. Quand je parle de métier, je dois forcément parler de la richesse et de l'adéquate utilisation du principal instrument de l'écrivain, la langue. Le métier de traducteur dispose aussi d'autres ressources. Bien que celles-ci soient fondamentales dans la période de formation du traducteur, elles sont néanmoins insuffisantes lorsque ce dernier essaie de s'introduire dans un nouvel univers littéraire et de s'en approprier le patrimoine.
Suite à cette introduction et appropriation, le résultat de ce qui vient de prendre forme relève, sans aucun doute, de la création. Pourquoi parler sinon de versions, ou de telle ou telle édition? Tout cela a poussé les écrivains à se réunir au carrefour de la traduction et de la création. La première voudrait avant tout rester fidèle au texte original; la deuxième, en revanche, pense que, le travail de traduction devrait tendre à la création d'un texte intelligible au lecteur actuel. Pour la première, il est impossible d'imprégner les pages traduites du charme émanant du texte original; la deuxième répond qu'il est toujours possible de traduire le fond de tout texte. Les deux bouts de la corde, éternelle tension de la traduction. Au milieu, le texte écrit et une nouvelle création.