Le droit en basque : principes généraux et trajectoire du point de vue du traducteur
SYNTHÈSE
Cet article propose une réflexion théorique et pratique sur l'emploi de l'euskara (langue basque) dans les Tribunaux, réflexion faite du point de vue de la traduction. Les auteurs commencent par situer leur travail de traducteurs juridiques dans le contexte des deux disciplines auxquelles ce travail est rattaché, à savoir, la traduction et le droit, la première relevant directement de la linguistique. Le rapport entre ces deux domaines est très étroit car, contrairement à d'autres disciplines le droit n'existe que par la langue.
Dans une première partie, ils établissent les principes et les caractéristiques de la traduction technique en général et de la traduction juridique en particulier. La langue juridique, disent-ils, est le technolecte, ou langage spécialisé, ayant trait au droit et ils en donnent les caractéristiques. Tout au long de notre histoire, l'espagnol et le français ont été nos seules langues juridiques, aussi, tout est à faire pour que l'euskara, devenue langue officielle dans une partie du territoire et manquant de tradition dans ce domaine, devienne un outil efficace et fonctionnel.
La seconde partie traite de questions pratiques en relation avec les difficultés posées par la traduction de textes juridiques en une langue cible démunie. La traduction contribue à l'élaboration et à la normalisation de la langue juridique mais ce travail doit être fait de façon systématique. L'accent est mis d'une part, sur l'importance d'élaborer une terminologie juridique en euskara, sans craindre de recourir aux emprunts, afin de contribuer à l'homogénéisation des termes et d'éviter la multiplicité des dénominations pour un même concept, et d'autre part, sur la nécessité de trouver un modèle de phraséologie et de structure syntaxique propre au langage juridique en basque.
Finalement, se fondant sur l'expérience des trois années d'existence du Service de Traduction de la Cour de Justice du Pays Basque, les auteurs se plaignent de l'isolement dans lequel ils doivent travailler et ils appellent à la collaboration de toutes les personnes travaillant en euskara dans le domaine juridique, ainsi que des institutions concernées. Ils soulignent la nécessité de coordonner les efforts dans ce sens, le seul volontarisme n'étant pas suffisant pour relever un tel défi.