La traduction de la Bible: Sa tradition en Occident

Résumé

Traduction: Hélène Hargous Cerezo

L'histoire de la traduction est très longue: les premières traductions identifiées font leur apparition trois mille ans avant le Christ, en Assyrie; dans la Babylone d' Hammourabi on utilisait des glossaires bilingues dont on a trouvé des restes sur des tablettes cunéiformes. On peut dire que dans l'Antiquité la traduction aussi bien que l'interprétation furent des activités courantes.

C'est avec zèle que Grecs et Romains ont pratiqué la traduction, et l'on conserve même des réflexions théoriques d'un grand intérêt, telles celles de Cicéron; cependant la traduction de la Bible n'a pas bénéficié de cette expérience, car ses traducteurs respectaient davantage la lettre que l'esprit

Le Nouveau Testament fut traduit tôt et dans plusieurs langues, pour répondre aux besoins d'une chrétienté qui croissait rapidement.

Les premières traductions en latin ne furent pas de bonne qualité, à l'exception de celle de Jérôme (IVe siècle) qui avoue avoir traduit "le sens et non le mot", suivant en cela Cicéron.

L'un des moments les plus importants dans l' histoire de la traduction de la Bible ce fut la publication du Nouveau Testament de Martin Luther. Luther a bénéficié d'un environnement propice, différent de celui du Moyen- Age; c'est ainsi qu'il a pu réaliser une traduction moderne, où le sens est soigneusement étudié. Il eut très vite des imitateurs en Angleterre, William Tyndal traduit la Bible en s'efforçant d'utiliser les mêmes procédés que ceux de Luther, mais sans obtenir les mêmes résultats. Néanmoins, c'est à Etienne Dolet que revient le mérite de formuler pour la première fois une théorie de la traduction, dans laquelle il défend la traduction de l'esprit et du propos de l'auteur. Il fut torturé et assassiné pour avoir mal traduit Platon

Aux XVIIe et XVIIIe siècles, apparaît le phénomène auquel Mounin a donné le nom de "belles infidèles", de belles traductions profanes qui tranchent de façon nette avec les traductions soignées de la Bible.

En 1789 George Campbell publie un livre sur la théorie et l'histoire de la traduction, qui concerne surtout les textes sacrés; un an plus tard un ouvrage similaire verra le jour, The Principles of Translation, de F. Tyler. Il marque la fin d'une époque et le début d'une autre, le romantisme. Les romantiques qui vont jusqu'à affirmer que"tout ce qui mérite d'être traduit est intraduisible"; cette tendance a eu une influence négative sur la traduction de la Bible.

Au XXe siècle a eu lieu un changement radical en ce qui concerne les critères de traduction. Parmi d'autres facteurs on trouve ce nouveau concept qu'est la communication et la diffusion rapide de la linguistique structurale. Ces théories se sont appliquées aussi à la traduction de la Bible.

Aujourd'hui quand on parle des différents critères de traduction, il est évident qu'on oppose principalement traduction libre/littérale. On pourrait dire que la traduction littérale n'en est pas une, bien que cette dichotomie ne corresponde pas forcément à positif/négatif. Les critères changent énormément selon les genres, les styles etc....

Pour ce qui est des problèmes théologiques spécifiques posés par la traduction de la Bible, nous nous contenterons d'en indiquer la provenance. On voit ainsi s'opposer philologie et inspiration, tradition et autorité du moment, et enfin théologie et grammaire.

A notre époque, les traducteurs sont attentifs avant tout au texte à traduire, c'est heureux. La plupart des traducteurs connaissent les enjeux de la communication, ce qui a permis de franchir un grand pas dans la compréhensibilité de la traduction.