La culture européenne, couvre-livre sans livre ? L'Union Européenne laisse tomber les traducteurs littéraires
L' Union Européenne (budget de traduction interne estimé à un milliard d'euros) a décidé de couper les subsides aux collèges de traduction, maisons permettant aux traducteurs littéraires de séjourner dans les pays de leurs auteurs, d'approfondir leurs connaissances de la langue et de la culture, de participer à des projets de formation continue, ou tout simplement de se concentrer sans autres soucis sur leur travail extrêmement exigeant. Rappelons que, dans son programme Culture 2007-2013 , l'Union dispose d'un budget annuel de plus de 400 millions d'euros pour la culture, qu'elle donne surtout aux grands projets culturels comme les productions de cinéma.
Le Conseil Européen des Associations de Traducteurs Littéraires (CEATL) est outré par cette décision qui est en contradiction flagrante avec l'idée même de l'Europe, entité multilingue et multiculturelle où le travail des traducteurs littéraires est à la base de toute compréhension mutuelle, non seulement dans les belles lettres mais dans la philosophie, les sciences, les beaux-arts, le cinéma et le théâtre.
C'est toujours la même Union Européenne qui a proclamé 2008 année du dialogue interculturel et qui consacrera un grand symposium à la traduction littéraire comme manifestation privilégiée de ce dialogue début 2009. Le CEATL insiste sur le fait que les Collèges internationaux des traducteurs littéraires -Écoles de Tolède des temps modernes, inventés il y a trente ans par Elmar Tophoven, l'un des plus grands traducteurs de Samuel Beckett sont les noyaux concrets du dialogue interculturel et par là méritent, en tant que vecteurs par excellence de la culture européenne, l'aide inconditionnelle et structurelle de l'Union Européenne. Sinon l'idée même de culture européenne et de dialogue interculturel n'est qu'un couvre-livre sans livre.