La fin de la traduction humaine ?
Qui n'a pas été confronté à l'une de ces traductions soi-disant automatiques ? Il se peut qu'elles soient produites automatiquement, mais de là à les considérer comme des traductions Les systèmes actuels doivent vaincre deux obstacles insurmontables jusqu'à ce jour : le contexte et la sémantique. Qui connaît à fond ces programmes ? Ils sont utilisés, tout au plus, pour saisir le sens général d'un texte, en déceler les mots clé ou pour produire un brouillon qui servira de base à un texte qui requerra finalement l'intervention humaine. Ces textes sont souvent objet de moquerie, compte tenu des non-sens résultant de la traduction automatique, ce qui, en quelque sorte, rassure les traducteurs professionnels qui sont persuadés que leur intervention sera toujours nécessaire.
Mais il semblerait que les choses ont commencé à changer. Au mois de mai dernier, Google, lors de la présentation de ses installations et de ses projets, a fait connaître, parmi d'autres nouveautés, certains détails de son projet machine translation systems.
En effet, un texte écrit en arabe dont la version traduite suivant la technologie actuelle n'avait aucun sens, a été traduit très convenablement grâce à un nouveau système de traduction révolutionnaire qui relève de l'intelligence artificielle.
Les traducteurs automatiques actuels, tels que Systran ou PowerTranslator doivent être alimentés de corpus préparés à l'avance ou être munis de grammaires spéciales de traduction entre les deux langues concernées, et ils ne sont pas capables de créer de nouveaux mots, ni de produire des phrases compréhensibles.
Alors que le nouveau système réalise une analyse statistique d'un vaste ensemble documentaire où certains textes sont déjà des traductions. Il détecte ainsi les éléments structuraux du texte, les contextes et la situation des mots, la fréquence des termes dans chaque document qu'il compare avec celle d'autres documents et d'autres analyses antérieures.
Les usagers de Google connaissent déjà la vitesse vertigineuse des moteurs de recherche et d'indexation de ce serveur. Le nouveau système de traduction fonctionnerait apparemment de la même façon et l'appareil disposerait pour traduire en temps réel de listes de signifiés, de contextes, de constructions syntaxiques, morphologiques ou sémantiques concernant un corpus de documents dont le volume augmente constamment. La possibilité d'obtenir de traductions correctes est d'autant plus grande que le nombre de documents digitalisés est important. Néanmoins, une série de questions se posent dans ce domaine : sommes-nous sur le point d'assister à une révolution dans le monde de la traduction ? Les traducteurs deviendront-ils de simples correcteurs des textes produits par ces systèmes ? À qui appartiendront les droits d'auteur de la traduction réalisée par l'appareil sur des corpus documentaires déjà existants ? Finirons-nous par ne traduire que les textes littéraires ? Une telle technologie, qui pourrait même s'appliquer à des programmes de reconnaissance de voix, c'est-à-dire, qui serait même capable de produire des interprètes cybernétiques, quelles transformations entraînera-t-elle? Les étudiants de Traduction et d'Interprétation, ainsi que les associations professionnelles devront-ils se recycler ?